Agathe Dupressoir : a star is born !
Depuis qu’elle a gagné, à sa grande surprise, le concours 2018 des Jeunes Créateurs de Dinan, dont Allande est partenaire officiel depuis de nombreuses années, Agathe Dupressoir continue son parcours, semé d’étoiles.
Et c’est chez Allande que cet astre est né.
Entretien avec une jeune femme douce, humble mais déterminée.
Les Dessous de Catherine : Bonjour Agathe, peux-tu nous en dire plus sur toi et ton parcours ?
Agathe Dupressoir : Je suis jeune diplômée de l’école ESMOD, où on apprend la création de mode, le stylisme, le modélisme autant au niveau du dessin que de la réalisation technique.
Je viens de Caen, et j’ai mené mes études à Rennes et à Paris.
Ce cursus se déroule en trois années et se termine par un stage de trois mois.
Suite au concours des Jeunes Créateurs de Dinan en avril dernier, Allande a proposé de m’accueillir pour ce stage. Soutenue par Catherine Lefebvre, j’ai la chance de pouvoir créer une ligne complète d’articles de lingerie, qui viendra rejoindre sa collection Printemps/Été 2019. C’est une opportunité incroyable qui m’est offerte, et je l’espère un tremplin pour l’avenir.
LDDC : Dans ton travail, quelle est ton approche pour créer tes produits de lingerie ?
Agathe : En règle générale, je fais beaucoup de recherches, sur les tendances, les formes, les matières, avant de commencer à créer concrètement. Ensuite, je trouve une ou plusieurs images inspirantes qui constituent un espèce de moodboard, et ça me sert de point de départ pour commencer à dessiner. Un thé chaud et de la musique m’accompagnent pour me mettre dans une bulle créative. La musique a ça d’extraordinaire qu’elle me plonge dans un certain état d’esprit et vient influencer mon travail. Les mélodies de Lana Del Rey me font décoller, je mets ça dans mon casque pour trouver l’inspiration.
LDDC : Peux-tu nous raconter ta rencontre avec Catherine Lefebvre ?
Agathe : Nous nous sommes rencontrées au Festival des Jeunes Créateurs de Dinan. J’étais candidate, elle était présidente du jury pour le prix Lingerie du Festival. J’étais intimidée. C’est difficile de porter son travail au jugement d’une personne dont on sait qu’elle est une grande professionnelle. Son oeil et son avis ont représenté une véritable avancée pour mon travail. Elle m’a beaucoup apporté.
LDDC : Justement, parle-nous de tes créations, récompensées du 1er prix à ce Festival ?
Agathe : L’histoire de ma collection, c’était un peu un «Black Swan» remasterisé et appliqué à l’univers de la Louisiane. J’ai travaillé sur le concept d’une femme qui serait bloquée dans le corps d’un oiseau, errant et suivant un refrain obsédant qui l’emmènerait au coeur du bayou.
Les broderies d’oiseaux incrustées sur du tulle ont été élaborés pour donner le sentiment de tatouages sur la peau. Des détails, comme les boutons faits en os, les chainettes ornementales, les croix, amenaient une atmosphère mystérieuse rappelant les rites vaudous.
Enfin, les paysages et écosystèmes aquatiques inspirés de la Louisiane, comme ces racines d’arbres plongeant dans l’eau, transparaissait par l’utilisation de grands fils de dentelles et par la teinture végétale au thé des matières blanches.
Je remercie la Société Desseilles, à Calais, de m’avoir laissée récupérer la fin des bobines de dentelle de leurs métiers à dentelle Leavers. Rien ne se perd, tout se transforme !
LDDC : Catherine a eu un véritable coup de coeur pour ta proposition audacieuse de lingerie, autant pour la réalisation technique que pour ta créativité.
Agathe : Ça me touche, je voulais embarquer, avec mon histoire, faire ressortir une ambiance quasi mystique, et apporter aussi ma touche perso avec la teinture végétale et l’up-cycle de matières vouées au déchet. Je suis proche de ces considérations qui honorent la nature et respectent le travail en optimisant l’usage des matières sans gâchis inutile.
LDDC : Quelle image avais-tu de la société Allande quand tu t’es inscrite à ce Festival ?
Agathe : Je ne connaissais pas très bien la marque, seulement de nom. Pourtant, depuis le défilé des collections pendant le déroulement du Festival, jusqu’à mon intégration dans la société pour y réaliser mon stage, j’ai mieux appréhendé ce que je savais déjà d’Allande : de la lingerie de qualité, haut de gamme, de fabrication française, et un soin constant apporté au choix des belles matières, aux découpes et aux finitions. Catherine sélectionne ses matières, les associe, et se laisse porter par l’inspiration que ces associations provoquent en elle. C’est la matière qui crée le projet. Le maintien dans les grandes tailles, le confort, sans transiger sur l’esthétique, sont des points essentiels du savoir-faire corsetier de la marque Allande.
LDDC : Le fait qu’Allande soit une entreprise familiale, dirigée par une femme, est quelque chose qui te touche ?
Agathe : C’est sûr ! Catherine est très inspirante pour d’autres femmes. À mon avis, ça contribue aussi à sentir une belle ambiance de travail chez Allande.
LDDC : Comment vas tu apporter ta «patte» à la prochaine collection avec cette ligne de produits que Catherine te confie ?
Agathe : Je joue le contraste et casse les codes pour cette ligne de lingerie. J’allie un élastique large et punchy avec une dentelle fine et aérienne. Des bijoux et véritables pierres de Swarovski viennent ponctuer les produits comme des étoiles lumineuses.
Cette alliance s’adressera aux femmes modernes, audacieuses, et plutôt jeunes dans leur état d’esprit. Les formes sur lesquelles je travaille seront inhabituelles, avec des détails raffinés. Je cherche à amener les femmes classiques sur un terrain qu’elles ne connaissent pas encore. Les plus sportives ou casual seront aussi ravies de pouvoir porter une lingerie plus féminine. Je souhaite développer un produit qu’on ne trouve pas ailleurs !
LDDC : Comment se déroule la partie mise au point de tes produits ?
Agathe : Je remets à l’équipe de modélisme un 90C pour chaque forme de soutien-gorge et un 40 pour les bas, que j’aurai parfaitement mis au point. La gradation des autres tailles est fonction de ce standard et sera prise en charge par le reste de l’équipe, car mon stage sera terminé.
LDDC : Une dernière question : 3 choses qu’on peut trouver dans ton sac à main ?
Agathe : Un crayon à papier et un petit carnet, comme ça je griffonne dès qu’une idée me traverse l’esprit.
Mon téléphone, dont je me sers beaucoup en voyage. J’aime transposer une forme, un détail venu d’un autre univers à celui de la Lingerie. Dernièrement, j’ai fait quelques photos au musée Magritte à Bruxelles dont je sens qu’elles me resserviront. Je laisse le temps faire son chemin.
Enfin, il y a aussi toujours mes lunettes.
LDDC : Merci, Agathe, pour cette interview et ce temps que tu as pris pour te présenter à nous, nous faire toucher du doigt ton univers et ta motivation à travailler le beau. Nous avons hâte de voir le résultat de ton travail exigent.
Rendez-vous au Printemps prochain, et bonne route à toi !